Bucintoro, reconstruction à Venise


Bucintoro Venise

Ceux qui partent en voiture vers Venise ces semaines-ci vont peut-être croiser avec émerveillement nos beaux troncs d’arbres français sur leur même route.
En effet, le Sud-Ouest (Dordogne) est le fournisseur des longues poutres de chêne qui vont servir à la reconstruction du Bucintoro et les premiers camions ont commencé le voyage.

De quoi s’agit-il ?
Du temps de sa grandeur, la Sérénissime aimait bien les parades nautiques et possédait pour cela toute une flotte d’apparat, dont le fameux Bucintoro, une embarcation entièrement décorée de sculptures en bois ou d’ornements en or. Un navire imposant, impressionnant, étincelant dans lequel prenait place le Doge et propulsé par deux rangées de 21 rames, actionnées chacune par 4 rameurs à l’intérieur du navire.

Bucintoro
Le Bucintoro

Oui, mais voilà. Il se trouve que ce même Bucintoro avait aussi impressionné Bonaparte, lorsqu’il se rendit maître de Venise (1797). Comme tout guerrier qui se respecte, notre Bonaparte était grand amateur… d’or. Ne lui jetons pas la pierre, tous les vainqueurs, vénitiens compris, se constituaient leur butin de guerre sur les richesses des vaincus. Bonaparte fit donc brûler ce magnifique vaisseau pour en récupérer le précieux métal (1798).
Inutile de vous expliquer que c’est là l’une des raisons de la légitime haine de la plupart des vénitiens envers Bonaparte.
Depuis toujours, l’idée de reconstitution de ce navire mythique a germé. Mais c’est en 2004 qu’elle s’est développée de façon globale, avec la création de la fondation “Bucintoro”. On a tenté de rétablir les plans d’origine du Bucintoro, non sans mal et non sans quelques querelles. En effet, les sources écrites manquent pour rétablir des plans scientifiquement exacts et les normes de navigation et de sécurité ont changé. Mais enfin, on a fini par commencer sa construction.
Et pour cela, on avait besoin de chêne de haute qualité, et c’est en France qu’on l’a trouvé. Pas étonnant car la France (Centre) fournit toujours une grande partie du chêne pour les fûts et tonneaux des meilleurs vins, y compris italiens.
Les premières poutres ont ainsi commencé le voyage routier du Sud-Ouest vers Venise, sous la direction des charpentiers et architectes de marine.
Le projet, sans être pharaonique, reste néanmoins coûteux. Certains s’interrogent sur l’opportunité de cette reconstruction, certes incontestable sur le principe, mais dont l’utilité et le coût peuvent laisser pantois. D’autres au contraire, trouvent l’entreprise adaptée à la nécessité d’une reprise économique locale.
Mais, ne boudons pas notre plaisir. Voyons surtout que cette reconstruction cèle magnifiquement la fraternité entre la France et Venise, amitié d’ailleurs qui n’a jamais cessé au fil du temps.

 

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