Les solutions aux navires de croisière à Venise ne résultent pas d’une analyse simplificatrice. On ne doit pas réduire la complexité des problèmes à quelques analyses schématiques.
Ainsi, j’entends parfois l’idée que dans la ville, le tourisme nourrit beaucoup de monde et que les vénitiens ne devraient pas se plaindre des navires de croisière.
C’est peut-être un peu plus complexe que ça. Il y a les gens de la terre ferme qui travaillent dans le tourisme à Venise (hôtels, restaurants, etc), les vénitiens qui vivent du tourisme, peut-être pas si nombreux qu’on l’imagine de l’extérieur (certains gondoliers par exemple, certains commerçants, etc) et les vénitiens qui ne vivent pas du tourisme (très nombreux).
Or, chacune de ces catégories aurait-elle un avis spécifique, unanime dans sa catégorie, sur les navires de croisière ? Pas vraiment.
Ne schématisons pas, au risque de passer à côté de la réalité. Dans ces trois catégories, les avis divergent quant au navires de croisière.
4 solutions aux navires de croisière à Venise
Au-delà des catégories citées, on devrait distinguer :
- les gens que le tourisme enrichit, y voient un intérêt très immédiat et ont peu de scrupules à protéger Venise. Une minorité, j’espère
- ceux que le tourisme enrichit, certes, mais apprécieraient une meilleure sauvegarde de la ville, leur gagne-pain
- ceux qui subissent le tourisme et veulent un tourisme maîtrisé mais un tourisme quand-même, une majorité de vénitien, je pense
- ceux qui subissent le tourisme et optent pour de solutions plus radicales, une minorité.
Pour toutes les raisons évoquées dans mes pages précédentes (pollution atmosphérique, danger d’échouage, dégradation des fondations, etc), de nombreux habitants ou travailleurs de Venise sont hostiles au passage des navires de croisière devant le bassin de Saint Marc et le canal de la Giudecca. Ils ne sont pas forcément hostiles aux navires de croisière, ils sont hostiles à l’itinéraire emprunté. Il faut donc commencer par poser des questions précises pour obtenir des réponses claires.
En fait, cette hostilité fait quasiment l’unanimité. Même ceux qui “profitent” du tourisme apportés par les bateaux de croisière regrettent qu’ils passent dans ce bassin, obturant l’une des plus belles vues de Venise. Il faut dire que c’est pour le moins “contre nature”.
C’est après que les avis divergent, y compris parmi les opposants aux Grandi navi. On interdit les navires devant Saint Marc, d’accord, mais pour les faire passer où ?
Solutions aux navires de croisière à Venise : hors du bassin de Saint Marc
Passage par le canal des pétroliers
Une solution envisagée serait de faire passer les navires de croisière par l’ancien canal “des pétroliers”. Un canal d’environ 4,5 km de long, 10 mètres de profondeur et 250 mètres de large. Ils emprunteraient la passe de Malamocco au sud du Lido pour entrer dans la lagune, longeraient la côte Ouest de la lagune, vers Marghera. Et là, soit ils obliqueraient vers le port de croisière de Venise par le canal Vittore Emmanuele (créé en 1922), soit ils s’arrêteraient directement au port de Marghera. Voire les deux hypothèses réunies, un port à Margera en plus de celui de Venise. Le passage par le canal des pétroliers semble actuellement l’hypothèse la plus plausible pour le gouvernement et la mairie de Venise.
Ainsi, les ondes provoquées par les hélices seraient moins néfastes.
Problèmes :
La pollution atmosphérique, le danger de fausse manoeuvre seraient-ils moindres ? Non, pas vraiment. Les navires passent toujours près de Venise et y accostent.
De plus, le creusement ou le curage de cet ancien canal amplifierait la pénétration des hautes marées dans la lagune et donc, les inondations à Venise et nuirait à l’éco-système fragile de la lagune, nous l’avons vu.
Enfin, si le port devient celui de Marghera, l’acheminement des milliers de croisiéristes vers Venise (2000-3000 personnes par bateau arrivant tous au même moment et, en été, pour 6, 7 ou 8 navires accostant par jour) poserait de nouveaux problèmes.
Certains trouvent néanmoins la solution acceptable, parmi les adversaires des grandi navi comme parmi les partisans des navires de croisière. A défaut d’être parfaite, cette solution offre l’avantage de réconcilier des avis divergents. En l’état actuel des choses, c’est déjà un point positif.
Solutions aux navires de croisière à Venise : hors de la lagune
D’autres préconisent d’interdire les navires de croisière dans la lagune. Ils ne seraient pas opposés à la création d’un port côté Adriatique, port où accosteraient les navires de croisière. Les passagers seraient ensuite acheminés à Venise par des bateaux plus petits ou, selon l’implantation du port, par transports ferroviaire ou routier.
Avantages : La pollution serait réduite dans la lagune, les dangers d’échouage et les dommages aux fondations causés par les grands navires seraient inexistants.
Problème : Créer un port et l’infrastructure nécessaire demande d’énormes moyens financiers et une vision politique claire.
Autre problème : L’augmentation de la circulation terrestre ou maritime, entre ce port et Venise, ne va pas vraiment dans le sens de la protection de l’environnement. Je le répète, vous imaginez véhiculer 2000 ou 3000 personnes qui arrivent toutes en même temps dans le même navire ? Et en été, accueillir jusqu’à 6, 7, 8 navires par jour ? Faites les calculs, et comparez avec la capacité maximum d’un vaporetto : environ 200 passagers.
D’autant que cette solution titille ceux qui vivent du tourisme à Venise.
Notons que d’autres villes environnantes seraient prêtes à accueillir ces navires de croisières. Ravenne par exemple. Mais passons sur cette hypothèse improbable.
Solutions aux navires de croisière à Venise : Plus aucun navires
Enfin, la solution la plus radicale serait d’interdire purement et simplement les navires de croisière dans la lagune et aux abords. Pas de port sur les côtes adriatiques de Venise. Pas de croisières, du tout.
Cette mesure solutionnerait en partie la pollution atmosphérique, les dangers d’échouage, le dérèglement de la lagune. Mais, elle impliquerait une diminution du nombre de touristes à Venise.
Mais à mesure qu’augmentent les mesures radicales, le nombre de vénitiens favorables diminue.
Il reste donc à imaginer une solution viable, qui satisfasse le plus grand nombre des vénitiens, qui tienne compte de leurs valeurs, de leurs volontés, de leurs besoins, etc. Mais, si le problème de ces monstrueux navires de croisière est important et doit être résolu, les vénitiens se heurtent à d’autres problèmes, encore plus complexes à solutionner. Voyons cela dans la dernière page de cet article.
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Jean-Marc Foulquier