Durant la nuit du 12 au 13 novembre 2019, Venise a connu une inondation catastrophique. C’est surtout la force du vent qui a causé le plus de dommages. A l’heure où sont écrites ces lignes, il se pourrait que d’autres inondations catastrophiques suivent au moins jusqu’au 17 novembre 2019.
Voir le premier bilan de ces inondations
Acqua alta à Venise en novembre 2019 : une catastrophe imprévue
L’acqua alta, c’est l’inondation que Venise connaît malheureusement de façon régulière. La marée haute, les pluies qui s’accumulent, le vent font monter le niveau de l’eau durant la marée haute. Les Vénitiens sont coutumiers du fait et savent, non pas l’empêcher, mais limiter les dégâts. Malheureusement, durant la nuit du 12 au 13 novembre 2019, une forte marée était prévue, amenant une inondation estimée importante. Les météorologues tablaient sur 140cm.
Attention, 140cm, c’est la hauteur maximale de l’eau à partir du niveau zéro de l’eau. Ce n’est pas la hauteur d’eau dans les rues.
140cm, c’est déjà énorme. Mais voilà qu’un phénomène imprévu est venu ajouter sa néfaste contribution à l’inondation : le vent. En effet, un vent de 100km/h a poussé les vagues de la lagune vers Venise, occasionnant une acqua alta qu’on a pu mesurer jusqu’à 187cm. Des bateaux ont été arrachés de leurs amarres et ont dérivés. Des gondoles et même un vaporetto ont même été jetés sur les quais face au bassin de Saint Marc. L’eau est entrée partout dans les rez-de-chaussée des habitations et des commerces. C’est une catastrophe.
Inutile de préciser qu’à cette hauteur (1,87cm toujours à partir du niveau zéro de l’eau), aucune rue n’est préservée. On comptait dans les 70cm Via Garibaldi. 1,10cm dans la crypte de la basilique Saint Marc. Environ 70-80cm place Saint Marc.
Et ensuite ?
La marée à Venise est portée par la marée haute. Donc, la marée redescend et l’inondation aussi. Le danger disparaît donc. Du moins avant la nouvelle marée haute, prévue très haute également. Espérons que le vent ne viendra pas augmenter la hauteur de l’inondation.
Reste les plaies à soigner. L’eau n’est pas si sale et ne charrie pas de la boue, c’est juste l’eau de la lagune. Mais il reste à tout nettoyer dans les intérieurs quand c’est possible, jeter ce qui n’est pas récupérable, racheter l’indispensable. Attendre que les murs se déshumidifient. Réparer ce qui peut l’être dans les barques chahutées. Bref, maintenant, les Vénitiens vont essayer de se remettre à soigner les plaies, à défaut de se remettre à vivre.
J’entends déjà certains dirent : « Oui mais avec tout l’argent des touristes, les Vénitiens vont pouvoir s’en remettre« . Non, non, non et mille fois Non.
Les touristes n’apportent pas tous de l’argent aux Vénitiens mais davantage à des investisseurs extérieurs. Mais nous vivons dans un monde où l’on ne demande pas leur contribution à ceux qui l’exploitent le plus. Ce sont encore les Vénitiens eux-mêmes qui vont devoir régler les factures, avec espérons-le une participation de la Région et de l’Etat.
Et le projet Mose ?
Le projet Mose à Venise, Moïse en français, devait permettre d’empêcher les fortes inondations à Venise, en faisant se lever des digues immergées qui barreraient ainsi l’arrivée des marées.
Ce projet a débuté en 2003. Mais, il a connu bien des vicissitudes, bien des retards, à la fois techniques et, disons-le, à cause de fraudes diverses et de détournements. Sport national italien que nous connaissons bien en France. Et ces retards, évidemment, se chiffrent en milliards d’euros supplémentaires.
Et dernièrement, nouveau problème et nouveau retard, les charnières gigantesques des digues immergées montraient des traces de rouille. Donc, il faut désormais changer ce qui n’a pas encore servi.
Le projet Mose n’est pas prêt d’entrer en fonction et coûtera encore plus qu’on le prévoit.