La soirée du 31 mars 2014 sera à marquer d’une pierre blanche pour tous les vénitiens.
Alors que la vie suivait son cours tranquillement, chacun se préparait à une heureuse soirée. Mais vers 18h40, une forme énorme et sombre émergea de l’eau du Bassin de Saint Marc. Le premier moment de stupeur passé, on découvrit… le dos d’une baleine !
C’était pour un film ou une publicité ? Non. Alors qu’est-ce que c’était, pas une vraie quand-même !
Luca Mizzan, directeur du Musée d’histoire naturelle, a eu l’occasion de faire une une déclaration, précisant qu’il s’agissait en effet d’une baleine de Méditerranée, plus précisément un rorqual commun (là, c’est moi qui vous traduit, en fait, Luca Mizzan parlait d’une Balaenoptera physalus).
On compte environ 3-4000 individus de rorqual de Méditerranée, précisa-t-il, qui se déplacent toujours en solitaire, à la recherche de nourriture selon les saisons. Il peut mesurer jusqu’à 20m de long. Celui de Venise n’en était qu’à 15-16m environ pour un poids estimé de 35 tonnes, ce qui, vous l’avouerez est déjà suffisant pour les eaux de la lagune.
L’animal s’est engouffré ensuite dans le Grand Canal au niveau de la Douane de mer et s’y est trouvé bloqué, ne pouvant plus avancer à cause du manque de profondeur (4-5m seulement).
Giordano Palin, vendeur d’un des kiosques de souvenirs sur la piazzetta, à qui nous devons la photo, nous a raconté, non sans excitation :
– Elle (la baleine) avançait lentement. J’ai vu le souffle jaillir de l’eau. On peut dire que ça faisait peur. On ‘est pas habitué, ici. Elle est passée là devant (le bassin) et ensuite, je pense qu’elle a fait le mauvais choix en se dirigeant vers le Canal Grande. Et là, elle est restée bloquée.
L’ensemble du trafic a été stoppé sur le Grand Canal, de la pointe de la douane au virage de la Ca’Foscari où les vaporettos arrivant du Rialto font désormais demi-tour.
Que venait donc faire ce rorqual au fond de la lagune vénitienne ?
Certains avancent qu’il pourrait être à la recherche de nourriture. En effet, ce mammifère mange essentiellement de minuscules poissons, des tout petits calmars et des crustacés, en les filtrant dans ses évents.
Les eaux de la lagune, riches en effet, de ces petits animaux, peuvent laisser penser que le mammifère, nageant dans l’Adriatique, se serait fourvoyé, en suivant le profond chenal qu’utilisent les grands navires de croisière, pour finalement s’échouer à l’entrée du Grand Canal, bien moins profond.
D’autres personnes pencheraient plutôt pour un dérèglement des organes d’orientation du rorqual, à l’instar de ceux qu’on retrouve échoués sur les plages. Selon eux, même si le chenal des bateaux de croisière était suffisamment profond (environ 12-15m), il n’était pas assez large pour qu’un tel mammifère s’y risque.
Toujours est-il que l’animal est là et bien là. Seulement, comment faire faire demi tour à cet énorme mammifère et ensuite, l’orienter pour qu’il retrouve le chemin de la sortie ? Impossible de le tirer sans risques par la queue, bien trop puissante.
Dés 6h ce matin, les officiers de l’Arsenal et ceux de l’armée de terre RFC de Padoue, les autorités municipales, les responsables du musée d’histoire naturelle et d’autres sommités scientifiques se sont réunis pour tenter de rendre sa liberté à l’animal.
On en est là. Le rorqual de Méditerranée est prisonnier mais toujours vivant.
Pendant ce temps-là, la vie à Venise se présente comme un véritable chaos. Les vénitiens utilisent des lignes de vaporetto de substitution. Et la police tente de juguler le flot des habitants et des touristes curieux et imprudents, qui s’amassent le long du Grand canal pour voir le phénomène. Un corridor de sécurité est mis en place le long des quais afin de prévenir toute chute dans l’eau due à la bousculade. L’île San Giorgio est interdite aux visiteurs, comme les arrêts San Marco du vaporetto.
Bien sûr, nous vous donnerons des informations dés que la situation aura évolué.
A suivre…
Magnifique poisson!
Bravo pour le poisson d’avril! J’y ai même cru quelques minutes! Rien n’étant impossible à Venise….